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Bad Boy Buddy / Rolf De Heer
Blu-ray
Edité par Blaq Out - 2016
Séquestré depuis sa naissance par sa mère, Bubby ignore tout du monde extérieur qu'il croit empoisonné. L'arrivée de son père, dont il était tenu éloigné, va bouleverser sa vie. Le jour de ses 35 ans, Bubby va enfin sortir. Il découvre un monde à la fois étrange, terrible et merveilleux où il y a des gens, de la pizza, de la musique et des arbres... Le film en version restaurée d'après un nouveau master HD.
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Une création ovniesque
Comment décrire ce film, cette curiosité, cet OVNI ? On parle ici de l’odyssée picaresque de Bubby (œuvres littéraires dont le héros traverse toute une série d'aventures qui sont pour lui l'occasion de contester l'ordre social établi), cet enfant de trente-cinq ans, jetait dans un monde nihiliste alors qu’il a vécu jusque-là reclus dans une seule et même pièce et du coup vilainement maltraité. Peut-on briser la spirale de la violence qui habite un enfant abusé ? C’est la question que s’est posé Rolf de Heer (réalisateur du très bon Charlie’s Country), australien d’origine néerlandaise, lorsque, après dix ans passé dans le cinéma sans avoir été satisfait professionnellement parlant, s’est lancé dans cette thématique avec l’idée de faire un film sans argent, en prenant un temps nécessairement long et, du coup, nécessitant de relever des défis techniques et créatifs. Techniques, car le film tourne autour de son personnage principal (habité par l’excellent Nicholas Hope, sosie de l’agent Smith de Matrix) et la prise de son se fera à partir de lui grâce à deux microphones binauraux cachés dans les oreilles de l'acteur, on se retrouve donc plongé dans l’environnement sonore entourant le personnage, enfermé avec lui dans sa bulle sensoriel. Créatifs car dans le but de donner un cachet plus expérimental au film, 32 directeurs de la photographie se sont succédé sur le tournage, à raison d'un chef opérateur différent pour chaque nouveau lieu que Bubby découvrait. Ce que nous perdons en cachet artistique, nous le gagnons en diversification d’ambiances. Il en résulte un film halluciné, cru et déstabilisant. Baignant dans une aura malsaine tout droit sortie du « Bunker de la dernière rafale » du duo Jeunet/Caro ou du Eraserhead de David Lynch dans un premier temps (on a vraiment l’impression d’être dans un univers post apocalyptique) pour se poursuivre dans une ambiance très « année quatre-vingt ou plutôt eighties» où la musique (mélange de musique liturgique et de Cold Wave) jusqu’alors absente de la vie du héros va chambouler cet enfant et révéler l’homme qui sommeille en lui, notamment par le biais du langage qu’il appréhende tout du long du métrage de manière très primale, tout comme une espèce de « Tarzan » tout droit sorti de sa jungle sans le côté simiesque. Un film à ne pas rater, une expérience à vivre, « un truc de chtarbé ».
L'équipe des médiathèques Anatole France et Aimé Césaire - Le 09 mai 2023 à 17:55