Banale flambée dans ma cité de Mabrouck Rachedi.
Un quartier chaud de banlieue parisienne, où le trafic de drogue est florissant. Ce qui ressemble bien à une bavure policière entraine une émeute.
Banale flambée dans ma cité de Mabrouck Rachedi
Actes sud (Roman Ado), 2024
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Dans ce contexte presque banal (d’où le titre), le narrateur, jeune habitant du quartier, détonne. Il est discret, quasi muet, reste en retrait. Il n’est ni dealer, ni dans le moule scolaire. Il s’appelle Mabataï (prononcer Ma bataille).
Mais on va lui découvrir des qualités extraordinaires : la course à pied et l’écriture de chansons (parole et musique). L’aventure peut commencer. L’histoire est bien construite, suspense et rebondissements garantis.
On ne voit jamais Sekou, l’ami de toujours. On croit parfois l’apercevoir. Serait-il imaginaire ? Mabataï rencontre Kam, le bien nommé, dealer en chef, manipulateur poli, vrai méchant. Mabataï rencontre aussi Katia, militante clairvoyante, qui sait se remettre en cause.
L’auteur met en avant la violence des dealers, mais attention, ils n’aiment pas les émeutes : il ne faut pas effrayer la clientèle !
La police a plutôt le « bon » rôle.
Un bémol sur le happy end un peu trop prévisible. (V Lo)
A 17 ans, Mabataï doit son prénom au tube de Daniel Balavoine (autre époque!), chanteur fétiche de sa mère. Celle-ci n'est plus et il "partage" désormais sa vie avec son prof de père, dans un appartement de banlieue et qui fréquente une flic de la brigade des stups.
Ce tête à tête tourne le plus souvent dans une confrontation muette, Mabataï se réfugiant dans sa passion de la musique, du son: c'est un instinctif dans le domaine. Vie tranquille jusqu'à ce qu'il soit le témoin de la mort de Samir, un jeune dealer, en bas de chez lui, tué par un policier. Résultat: ça flambe dans la cité.
Est-ce cela qu'il a vu ? Il y a ce doute persistant. Il aimerait bien se confier mais à qui ? A Sekou, son ami, son double, qui l'a abandonné (?) Pour en avoir le coeur net, il décide d'infiltrer le réseau de Kam Daoudi. Il est désormais sous la haute surveillance de ses "lieutenants" et de la police.
Au-delà de la passion commune pour la chanson, le rapprochement avec Katia, la soeur très médiatique de Samir, devenue l'égérie de la lutte contre les violences policières et pour la justice, est intéressant. Tous deux sont lucides sur les manipulations dont ils sont l'objet: celle des politiques et celle des dealers, pour leur propre boutique.
Ensemble ils décident de "déjouer" les manipulateurs... Du suspense, quelques clins d'oeil à des personnages historiques (Toussaint, Sékou, Patrice...), des réflexions sur ceux qui soufflent sur les braises comme sur ceux qui mettent une cité sous leur coupe. Néanmoins, le récit n'est pas manichéen et les nuances sont importantes dans une réalité que certains décrivent comme aller de soi ... A partager sans retenue. (Armelle Hervé)
Écrit par LORENDEAU, Vincent